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INTERVIEWS PITTI

PAR GINO DELMAS

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MARQUES

Raf Reyes – co-fondateur de Very Rare (2020) @veryrareclo

Diplômé du Royal Academy of Arts, ancien collaborateur de Virgil Abloh, Raf a lancé avec son frère Theo un label de streetwear infusé de pop culture (art classique italien, culture manga, années 90...) au dynamisme communicatif.


Pourquoi Very Rare était au Pitti cette saison ?
On a des boutiques et des clients directs en France, mais 70/80% de nos ventes se font aux Etats-Unis, où on a plus de 350 points de vente. On va retourner au Magic (Las Vegas) en février, puis Séoul et Tokyo, mais ici on avait envie de venir tester aussi le marché italien, qui a vraie histoire avec le streetwear (Been Thrill et Off White font partie de mes modèles) et qui a du sens vis à vis de nos inspirations, notamment l'art classique italien. C'est par ailleurs l'occasion d'inviter tous les gens avec qui on avait déjà échangé, notamment en Europe, à venir voir et toucher le produit, c'est important.


Comment s'est passé le salon ?
C'est quand même très positif. On a vraiment vu beaucoup de profils différents. Des agents, des shops, des designers pour d'éventuelles collaborations... On découvre l'approche européenne du business, on est habitués à la façon d'acheter des Américains, où tout va plus vite, en Europe, c'est plus de suivi, il faut aller chercher les gens. Mais on a noué beaucoup de synergies, rencontré plein d'intérêt, et même eu quelques prises de commande, surtout des gens qui nous suivaient. Pour une marque, durer dans le temps c'est l'enjeu principal à mes yeux, il y a toujours beaucoup de turnovers, de marques qui s'arrêtent. Nous on a envie de rester et on s'en donne les moyens.

Basile Dadaux - fondateur d'Again (2021) @again.lab

Again s'inspire de la technicité de l'outdoor pour créer des vestes, des pantalons, des mailles et des accessoires versatiles et très haut de gamme.


Pourquoi Again était au Pitti cette saison ?
Pour la renommée du salon, déjà. C'est un des plus beaux salons du monde sur le marché de l'homme. J'avais envie de découvrir cela, et c'est aussi une occasion de s'ouvrir à de nouveaux marchés, je sens que mes collections peuvent plaire au-delà de la France. J'ai fait le Tranoï à Paris et c'est mon premier salon hors de France.


Comment s'est passé le salon ?
Déjà j'ai vu beaucoup d'acheteurs italiens, ce qui est nouveau pour moi. Surtout des prises de contact, des interlocuteurs qui veulent me revoir à Paris, pour prendre des commandes.

Donc mes deux moments de présence se complètent, bien. Le vrai bilan se tire toujours à la fin de la saison, mais je retiens deux choses : la marques suscite de la curiosité et de l'intérêt, les gens s'arrêtaient et comprenaient bien l'univers de la marque. Et au-delà de cette curiosité, j'ai senti un potentiel commercial, des boutiques qui se projettent en intégrant la marque dans leur sélection. C'est encourageant. Prochaine étape, après Paris bien sûr, Tokyo à la fin février.

Deborah Neuberg - fondatrice de De Bonne Facture (2013) @debonnefacture

Depuis plus de 10 ans, De Bonne Facture fabrique en France le plus souvent, dans un incroyable réseaux d'atelier et à partir de matières nobles, un vestiaire épuré et généreux qui ne demande qu'à se patiner sur nos épaules.


Pourquoi De Bonne Facture était au Pitti cette saison ?
Depuis 2014, je viens ici deux fois par an, sauf pendant le Covid. C'est un des grands rendez-vous de l'année, avec tous les gens qui comptent, les acheteurs qu'on a déjà, des prospects, des journalistes, stylistes, des fournisseurs, aussi. Tout le monde peut nous rendre visite et se rendre compte du travail autour des pièces. C'est aussi une séquence plus légère, on peut sortir, aller manger avec les équipes, ce qui est parfois plus difficile pendant l'année, donc c'est très agréable.

Comment s'est passé le salon ?
On sent qu'on est plus en plus reconnus dans notre segment, c'est intéressant. J'ai reçu de nombreux retours positifs, d'encouragements ou même de félicitations venant d'autres marques, qui savent ce que représente notre travail. J'ai commencé seule il y a 10 ans, donc cette reconnaissance-là fait du bien. Le Pitti permet d'échanger avec d'autres fondateurs, ou dirigeants, ce qui est assez rare finalement. Il y a une certaine solidarité. Sur le plan plus commercial, le Pitti est toujours le premier moment de contact de la saison, tu présentes ta collection à des clients ici, puis à nouveau à Paris, et ils passent commande à New York. C'est assez rare, mais on a réussi à passer commande avec des grands magasins ici. Le second jour a été particulièrement riche, entre les prospects, les blogueurs, les stylistes, la presse. Le Pitti est aussi un moment de marketing, qui permet de donner à voir l'univers de la marque.

Zied Benamor - fondateur de Baziszt (2021) @baziszt

En deux ans à peine Baziszt s'est taillé une vraie place, autour d'un vestiaire rafraichissant jusqu'ici très estival et tourné vers les vacances. Des chemises, des vestes notamment, teintes, brodées en Tunisie ou en Inde, d'où viennent les tissus et les savoir-faire.

Pourquoi Baziszt était au Pitti cette saison ?
Ce salon reste une étape incontournable pour se faire connaitre sur le secteur de l'homme. C'est notre troisième saison ici et cela nous a donné beaucoup de visibilité sur le marché international, (asiatique, italien, américain, notamment). On vend à 70% hors de France, donc c'est une séquence importante pour voir nos clients et pour en découvrir d'autres. Ce n'est pas forcément un endroit où tu fais beaucoup de commandes, mais tu noues des contacts.

Comment s'est passé le salon ?
On sent un vrai retour de la fréquentation, il y a vraiment du monde, et on sent que la marque commence à se faire connaitre. On a eu pas mal de presse et de relais depuis la dernière édition. Une des boutiques françaises qu'on cherchait à contacter depuis un moment (sans succès) et a passé commande cette semaine. Elle nous avait d'ailleurs découvert sur un post du Promas. Cette saison on a intégré dans notre vestiaire, qui est plus estival d'habitude, des vestes matelassées et des mailles et ça a beaucoup plu. On est très satisfaits et c'est très encourageant.

Pierre-François Valette - fondateur de Valette (2020) @valettestudio

Depuis 4 collections, cet ancien de Saint Laurent façonne un univers masculin (mais pas que) entre haute-couture, science de la coupe et clin d'œil à l'histoire de la mode française. Difficile de rester indifférent à l'énergie de la marque.


Pourquoi Valette était au Pitti cette saison ?
On a eu une opportunité on a foncé. Notre modèle est assez hybride, on fait aussi bien du sur-mesure, que de la demi-mesure, que du wholesale. La vente en direct nous a permis de tenir mais on a envie de développer le wholesale. Donc venir ici c'est une bonne occasion de rencontrer des gens et nouer des contacts au début de la saison parmi les acheteurs internationaux. Dans mes collections, je cherche toujours l'équilibre entre commercial et création, et celui de cette saison me plait bien, j'apprends chaque saison.


Comment s'est passé le salon ?
J'ai trouvé que la fréquentation était une bonne balance entre chic et commercial, on sent un vrai tri dans l’audience, et nous avons noué de bons contacts. Les acheteurs internationaux étaient là, du Mexique à l’Italie. Plus généralement, l'ambiance était bonne, les gens enthousiastes, ils essayaient les vêtements. On est ravis de l'expérience et on a hâte de revenir la saison prochaine.

ACHETEURS

Alice Feillard – Directrice des achats homme aux Galeries Lafayette (France)

Pourquoi le Pitti est une étape importante chaque saison ?

Le Pitti est un salon très important pour nous, qui couvre beaucoup de secteurs que nous représentons en tant que grand magasin. C'est de loin le salon homme le plus complet et le plus référent. On retrouve les marques avec lesquelles on travaille, mais on y trouve toujours des nouvelles marques et cela permet de détecter ou confirmer certaines tendances.

À quoi pensez-vous quand on parle de prêt-à-porter français masculin ?

Les collections françaises sont bien représentées ici, avec Faguo, Ouest Paris, Valette et de Bonne Facture notamment. Nous suivons aussi une sélection de marques scandinaves toujours pertinente, comme Les Deux avec qui nous avons construit un beau partenariat.

Ce que vous retenez de cette éditon automne-hiver 2024 en général ?

L'outdoor était l'invité d'honneur, et cela fait écho à la place qu'il prend aujourd'hui dans les vestiaires, c'est devenu un secteur à part entière. L'outdoor peut être plus porté sur la performance mais aussi plus premium et raffiné avec des collections comme celles de Woolrich, Fay Archives ou Goldwin. Mention spéciale pour le défilé de SS Daley, invité du Pitti qui a délivré un très bon show au sein de l'imposant et grandiose Palazzo Vecchio.

CREDITS

Marques

Very Rare

Again

De Bonne Facture

Baziszt

Valette

Acheteurs

Perso

Photos

Goldie Williams